Disruption et ubérisation : 10 questions à se poser

le mercredi 27 janvier 2016

Qu’est-ce qui empêche les dirigeants d’entreprise de dormir ces derniers mois ? La crise économique et financière ? Non. L’anémie de la croissance ? Non. Les conflits sociaux ? Non. L’agressivité commerciale chinoise ? Non. L’attitude des Millennials (jeunes de 20 à 35 ans) ? Non. La future révolution des machines intelligentes, la « robolution ? Non.

Aujourd’hui la hantise d’un nombre croissant de décisionnaires est l’ « ubérisation » de leur secteur d’activité, comme le secteur des taxis est menacée actuellement par l’application californienne UBER . Ils craignent l’émergence d’un modèle d’affaire révolutionnaire basé sur l’utilisation du numérique qui mette en péril leur entreprise du jour au lendemain. Grâce à l’usage du smartphone et d’applications mobiles, renverser les rapports de force sur un marché et mettre en contact fournisseurs et clients instantanément est devenu facile. On parle aussi de « disruption ». L’enjeu n’est rien moins que la survie ou la disparition d’une activité économique qui était installée depuis des lustres et qui semblait pérenne.

Les activités de service aux particuliers sont les plus susceptibles d’être « uberisées », « disruptées » à l’heure actuelle. Transport des personnes, nettoyage à sec, nettoyage à domicile, location d’appartement ou de chambre d’hôtel, formation, restauration, activités bancaires, assurances, immobilier, aucun secteur ne semble être à l’abri, d’une ubérisation rapide et irréversible, comme si la Grande Révolution des Services (G.R.S.) sans aucune comparaison historique se jouait sous nos yeux.

Qu’est-ce qui rend cette G.R.S. possible ? Qu’est-ce qui fait que la création de nouveaux modèles économiques disruptifs soit si simple ? Trois raisons essentielles expliquent ce phénomène :

  • La simplicité et la très large disponibilité des technologies numériques
  • L’accessibilité vu que les ressources financières et humaines nécessaires sont minimes
  • La rapidité du développement d’une nouvelle proposition commerciale

Ajoutons à cela, l’existence d’une génération entreprenante de Milléniaux qui ne demande qu’à en découdre avec un monde professionnel souvent hostile vis-à-vis d’elle et qui rêve de trouver sa place – et la réussite – dans une société qui lui apparaît globalement bloquée.

Dix questions à vous poser aujourd’hui si vous craignez une ubérisation de votre secteur d’activité (Si vous ne craignez aucune ubérisation, vous avez probablement tout à craindre) :

  1. Depuis combien de temps, votre modèle d’affaires n’a-t’il pas profondément évolué ?
  2. Qu’est-ce qui semble immuable dans votre activité ?
  3. Quels sont les grands combats menés par votre organisation professionnelle pour empêcher l’arrivée de nouveaux entrants dans votre secteur ?
  4. Quelles sont les habitudes, manières de faire, certitudes les plus ancrées dans votre secteur ?
  5. Quels sont les codes intangibles dans votre activité ?
  6. Quels sont les tabous et interdits qui caractérisent les professionnels de votre secteur ?
  7. Quels sont les motifs d’insatisfaction ou de frustration récurrents de vos clients ?
  8. Quels sont les besoins et attentes des clients que vous ne prenez pas en compte,  parce que ce serait trop cher, ou trop compliqué, ou trop risqué, ou …  « parce que c’est comme ça » ?
  9. Pourquoi tant de gens ne font jamais appel à vos services ? Quel est le taux de pénétration de votre secteur auprès de la population globale ?
  10. Qu’est ce qui ne peut pas changer dans votre secteur, tout simplement « parce que c’est impossible » ?

Questions chaudes, provoquantes, inhabituelles et parfois difficiles à accepter. Elles sont inconfortables. Il y a de grandes chances que votre incapacité à répondre à l’une ou plusieurs de ces questions sera l’angle d’attaque choisi par de jeunes entrepreneurs et investisseurs audacieux pour venir bouleverser et éliminer votre poule aux œufs d’or. Il est grand temps de prendre le chemin de l’innovation radicale et de mettre les neurones en ébullition, non pas pour trouver des idées pour se protéger et se prémunir des « envahisseurs numériques », mais pour inventer le modèle d’affaires conquérant et disruptif qui répondra aux besoins de des clients et non-clients d’aujourd’hui.