50ème anniversaire de « Structure des Révolutions Scientifiques » de Thomas Kuhn
En 1962, l’historien et sociologue des sciences Thomas Kuhn publiait son livre « La Structure des Révolutions Scientifiques ». Cet ouvrage essentiel allait populariser le mot « paradigme » et l’expression « paradigm shift ».
Un paradigme est la représentation du monde – souvent intériorisée – d’une communauté humaine à un moment donné de son histoire. Par exemple, autrefois, la vision du monde faisait de la Terre le centre du monde ; il a fallu la révolution copernicienne du XVIème siècle pour que l’idée d’héliocentrisme s’impose progressivement à tous.
Un autre exemple de changement radical de paradigme est l’invention par les horlogers suisses du Centre Electronique Horloger (C.E.H.) de Neufchâtel de la BETA 1, la première montre à quartz en 1967. L’ensemble de l’industrie horlogère helvétique manquera la révolution du quartz – l’horlogerie mécanique était le paradigme historique dominant – et laissera les Japonais, entre autre SEIKO, conquérir le marché mondial dans les années ’70 et ’80.
Pour Kuhn, dans le monde scientifique, le passage d’un paradigme à un autre ne peut se faire que par la révolution scientifique, le « paradigm shift ». Aujourd’hui, on parlerait de ‘thinking out of the box ».
L’une des grandes leçons kuhniennes est de nous avoir fait comprendre que l’un des plus grands freins à la créativité et à l’acception de la nouveauté est notre propre représentation du monde : c’est notre vision des choses qui nous empêche de voir comment elles sont !