Amélie Nothomb: Barbe Bleue et la femme en jaune
Hier soir dans le Paris Charles de Gaulle – Barcelone, j’ai lu le dernier Amélie Nothomb, « Barbe Bleue ». La curiosité me portait à me demander où la prolifique et métronomique écrivaine belge avait mis sa créativité cette fois-ci.
Grande surprise, ce livre aurait pu s’appeler « La Dame en Jaune ». Ce roman, qui est en fait un long dialogue de 170 pages entre Don Elemirio Nibal y Milcar, un riche aristocrate espagnol halluciné vivant dans un hôtel de maître du VIIème arrondissement, et Saturnine, une jeune belge de 25 ans, est consacré aux couleurs ; mon amie Dominique Latteur appréciera. C’est le roman des sept couleurs, plus le noir et le blanc.
Le jaune y tient une place centrale ; le 87ème jaune y est même créé ! De manière étonnante, qui plus est : « par un « procédé mathématique appelé asymptote » (p.110). Ce qui donne bien sûr une magnifique couleur, que dis-je-, une couleur magique : « le jaune asymptotique » ! Du Amélie Nothomb pur jus garanti sans colorant ! On y apprend aussi que « le jaune est la couleur de la princesse de Clèves » …
Amélie, dans la vraie vie et dans ses romans, est folle, folle de champagne – n’est-ce pas la version fluide de l’or ? – , sauf de champagne rosé. Pour elle, « l’inventeur du champagne rosé a réussi le contraire de la quête des alchimistes : il a transformé l’or en grenadine » (p.59).
Voici quelques citations nothombiennes extraites de ce Barbe Bleu du VIIème arrondissement :
« A Barcelone, les religieuses utilisent tant de blancs d’œufs pour raidir leurs voiles que les cuisiniers ont dû apprendre à inventer mile recettes aux jaunes d’œufs » (p.32).
« La couleur n’est pas le symbole du plaisir, c’est le plaisir ultime. C’est tellement vrai qu’en japonais, « couleur » peut être synonyme d’amour » (p.153).
« Il est bon, quand on crée, de ne pas nier le temps » (p.160).
L’auteur fait dire à son héroïne Saturnine «Le jaune, c’est moi! » (p.153).
A lire avec une coupe de champagne : NOTHOMB Amélie, Barbe Bleue, Paris, Albin Michel, 2012.