Le pouvoir des oxymores

le samedi 21 juillet 2007

D’où provient la magie des oxymores, ces constructions qui opposent deux mots au sens apparemment contraire ? Comme par exemple : un cafouillage rigoureux, une légèreté pesante, une spontanéité contrôlée.

Je ne m’attendais pas à trouver un paragraphe consacré aux oxymores dans un ouvrage sur la résilience, c’est-à-dire à «l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques » (1).

Dans un sous-chapitre nommé « le pouvoir des oxymores » (2), le psychanalyste français Serge Tisseron met en avant qu’« un oxymore ne propose pas forcément une idée nouvelle, mais il la dramatise toujours. Il y parvient en juxtaposant deux mots dont les charges émotionnelles sont a priori opposées »

Il cite des exemples dans différents domaines : dans l’idéologie marxiste « la propriété collective », en politique « la discrimination positive », en psychanalyse « la neutralité bienveillante » et en psychologie contemporaine « un merveilleux malheur » (3) , titre du livre de Boris Cyrulnik qui traite de la résilience.

Pour Serge Tisseron, le pouvoir de l’oxymore proviendrait du « flottement émotionnel » qu’il provoque dans notre esprit.

(1) Source : Petit Larousse Illustré 2007
(2) TISSERON Serge, La Résilience, Paris, P.U.F., Coll. Que sais-je ?, n°3785, 2007, pages 68 et 69
(3) CYRULNIK Boris, Un Merveilleux Malheur, Paris, Odile Jacob, 1999.