L’imaginaire hispano-américain
Dans son « Dictionnaire amoureux de l’Amérique Latine », l’écrivain d’origine péruvienne, aujourd’hui espagnol, Mario Vargas LLosa rappelle que durant trois siècles les livres de fiction furent interdits dans les colonies espagnoles par les autorités religieuses. Il attribue la richesse de l’imaginaire des Sud-Américains à cette incroyable castration :
« Conséquence inattendue de l’entêtement des inquisiteurs à interdire la fiction, les Hispano-Américains furent contraints de compléter la vie réelle par la vie rêvée qui niche dans le cœur humain, et ils imprégnèrent tout de fantaisie. Nous n’avons pas eu de roman durant les trois siècles coloniaux. Mais la fiction s’infiltra insidieusement dans tous les domaines de l’existence : la religion, la politique, la science ».
P.S.: pouvez-vous imaginez ce que serait la France sans littérature depuis 1710, une France sans une seule publication de fiction depuis Louis XIV (1638-1715) ! C’était l’époque de Charles Perrault (1628-1703), de Bossuet (1627-1704) et de Boileau (1636-1711). Jean de La Fontaine venait de mourir (1621-1695), Voltaire (1694-1778) avait seize ans …
VARGAS LLOSA Mario, Dictionnaire amoureux de l’Amérique Latine, Paris, Plon, 2005, ISBN 978-2-259-20258-9, Page 641.