L’ordinaire et le génie

le jeudi 23 octobre 2008

Pour l’actrice, réalisatrice et metteur en scène Zabou Breitman, « il n’y a pas de vie ordinaire. Il  n’y a que des façons ordinaires de regarder la réalité »°.

Cette citation invite à s’interroger sur ce qu’est un « créateur » par rapport à « Monsieur/Madame-Tout-le-Monde ». Et si un créateur n’était tout simplement que quelqu’un qui a une façon personnelle de regarder la réalité. Une singularité dans la perception et dans la représentation des choses est la marque de la création.

Et un génie ? C’est clairement quelqu’un qui a une façon extraordinaire d’être au monde et de percevoir et concevoir les choses. De la réalité il fait un chef d’œuvre personnel qui touche à l’universel. Le génie nous touche parce que sa singularité rencontre une dimension de notre propre singularité qui nous échappait.

Le débat autour de Jeff Koons et l’exposition de ses œuvres au Château de Versailles s’inscrit dans ce sens : Koons dans son œuvre d’une incroyable singularité nous touche – soit il nous émeut, soit il nous révolte – parce qu’il dévoile (enlever le voile) adroitement une dimension de notre post-modernité à tous. L’artiste américain nous « dit », nous donne à voir le monde actuel comme personne ne l’avait fait auparavant. Du grand art ! Et qu’importe qu’on aime ou qu’on aime pas.

° Citation tirée du portrait que lui consacrait hier le quotidien LIBERATION sous le titre « Zabou Breitman : adieu Isabelle », Libération, 23.10.08, page 17.